Laurent Millet

LAURENT MILLET
Solarium Résidence #6

 

Résidence du 1/07 au 10/07/18 dans les anciennes piscines thermales PétriauxAix-les-Bains.
Exposition du 02/09 au 14/10/18 dans les anciennes piscines thermales PétriauxAix-les-Bains. Vernissage le 1er septembre 2018, à partir de 18h.

_

LAURENT MILLET photographie des apparitions et des disparitions. Son propre corps en mouvement, ses dessins en train de se faire, les objets et les paysages avec lesquels il interagit. Les images qu’il crée sont les témoins de son existence. 

L’œuvre de Laurent Millet met en tension concepts et empirisme. Sont indissociables l’œil et la main, la pensée et le geste, l’intellect et le corps, les idées et les objets. Il s’agit sans cesse d’alimenter l’étonnement, d’essayer de comprendre. Une fascination pour l’érudition est à la source de sa pratique. Celle-ci se fabrique ensuite à partir de centres d’intérêt éclectiques entre lesquels des liens s’établis- sent. Les œuvres fonctionnent alors comme les entrées de son encyclopédie : elles se regroupent en sections pouvant renvoyer de l’une à l’autre par des relations de sujets, de formes, de matières, de manières. L’œuvre réalisée à l’occasion de sa résidence à Aix-les-Bains s’intègre ainsi à trois de ces sections, « Somnium », « Kepler » et « l’Astrophile », en même temps qu’elle fait appel à deux outils familiers de l’artiste, la technique de l’insolation et le cyanomètre 1

L’artiste a fait le choix de développer un projet spécifique pour l’invitation de Solarium Tournant en raccourcissant sa période de résidence à une semaine. De fait, l’expérience a été différente de celle de Sarah Feuillas et Mengzhi Zheng : le temps imparti ne permettait pas l’exploration, le tâtonnement ; la résidence s’est muée en un moment d’activité intense et productif, au service d’une idée bien précise. Malgré cela, cette invitation a été l’occasion pour l’artiste de combiner différents attraits pour sortir d’une certaine zone de confort et expérimenter le rapport à l’empreinte sur de grands formats. L’œuvre Cyanomètres a été conçue comme un dialogue entre le lieu d’accueil physique de résidence et d’exposition des artistes – les Anciens thermes nationaux – et le lieu référence du projet curatorial – le Solarium Tournant de Jean Saidman. L’artiste envisageait de travailler avec les entrées de lumière des anciens thermes. La salle supérieure, fermée au public, a été découverte une fois sur place, parfaite pour l’expérience voulue : entièrement vitrée, elle offre une vue imprenable sur la ville autant qu’un ensoleillement maximal. Un angle de cette pièce a été choisi pour accueillir la réalisation de l’œuvre. 

De 10h à 11h un jour de grand beau temps de juillet, à intervalle d’1/4 d’heure, cinq toiles de deux mètres carrés préalablement enduites de peinture photosensible ont été déposées à l’horizontale derrière l’angle vitré. Les ombres portées des montants architecturaux y sont apparus par insolation, le tissu se colorant en bleu par réaction chimique avec la lumière. Le rendu est géométrique et abstrait, différent sur chaque toile, et pourrait renvoyer à des plans d’architecture – lesquels ont longtemps été reproduits grâce à cette technique, apparaissant en blanc sur fond bleu. 

Les toiles ont ensuite été exposées le long de la cloison vitrée incurvée de la piscine principale. Elles y ont produit un rythme spatial, autant qu’elles ont été produites elles-mêmes par un rythme, temporel celui-ci. Cette mise en espace a rappelé à nouveau la rotondité de la Terre, comme la course des astres. Les regardeurs ont pu en apprécier les particularités. Le temps de pause long d’une minute couplé à la sensibilité assez faible de cette chimie amènent en effet à l’effacement de certains détails, une dilution de certaines ombres, et ont donné sur le tissu une image éthérée, sorte d’aura de l’architecture des anciens thermes. 

Ici, l’architecture ne suit pas le soleil en tournant sur son axe ; l’artiste a au contraire mis en évidence la rotation de la Terre et le déplacement des ombres sur un laps de temps donné et à partir d’un point d’observation fixe. Photographier, littéralement « écrire avec la lumière », a revenu ici à peindre avec le soleil, et ainsi à donner à sentir le temps et l’espace. Malgré l’expression usuelle, ce n’est pas le temps qui passe, mais bien les êtres et les choses qui passent dans le temps. 

Pascale RIOU, août 2018.

1 – Instrument de mesure du bleu du ciel selon 50 nuances ; plus le ciel envoie des U.V., plus le bleu est intense.

Télécharger le dossier de presse

 

 

Solarium_18_LM_01Solarium_18_LM_03Solarium_18_LM_05Solarium_18_LM_06Solarium_18_LM_09Solarium_18_LM_11Solarium_18_LM_15Solarium_18_LM_21Solarium_18_LM_23Solarium_18_LM_25